Crise des migrants subsahariens en Tunisie: Timeline d’une histoire de survie…
Par Israa Naceur
La Tunisie a connu, ces dernières années, une augmentation significative du nombre de migrants arrivant de plusieurs pays subsahariens à la recherche de moyens plus sûrs de survie et d’emploi.
Cependant, la plupart de ces migrants se trouvent confrontés à plusieurs défis, notamment l’emploi précaire, des problèmes de résidence et des difficultés à obtenir des documents légaux.
Selon des groupes de défense des droits de l’Homme, le nombre de migrants africains en Tunisie dépasserait désormais les 60 000 et risque d’augmenter jour après jour. Leurs mouvements de manifestations se poursuivent, réclamant de meilleures conditions de vie et des solutions pratiques à leurs problèmes urgents.
Quand la crise a fait surface….
Pourtant non déclaré, la crise des migrants subsahariens a concrètement fait surface et suscité l’intérêt du peuple, quelques heures après le discours du président tunisien Kais Saied en mois de févier. Un discours qui a suscité la controverse suit à son appel à plus de restrictions et à une application plus stricte des lois sur les immigrants des pays d’Afrique subsaharienne qui résident illégalement en Tunisie.
Cette déclaration a attiré les critiques de nombreux groupes de défense des droits humains, qui ont accusé Saied de racisme et de xénophobie. Certains ont également souligné que de nombreux travailleurs migrants illégaux de l’Afrique subsaharienne ont été poussés à quitter leur pays d’origine en raison de situations économiques et politiques difficiles, et que leur présence en Tunisie doit être gérée de manière plus humaine et compréhensive.
Le gouvernement tunisien a répondu aux critiques en soulignant que la déclaration de Saïd était destinée à encourager une politique plus efficace de gestion des entrées et des sorties aux frontières tunisiennes, et que cela s’appliquerait à tous les immigrants illégaux, indépendamment de leur pays d’origine.
La communauté internationale, dont notamment l’Union Africaine, a également réagi et appelé à une approche plus modérée et inclusive envers les immigrants illégaux. L’Union européenne a quant à elle exprimé sa préoccupation, soulignant que toute politique visant à restreindre l’immigration doit être respectueuse des droits humains et de la dignité de chaque individu.
Dans l’ensemble, la déclaration de Saïd a suscité un débat difficile mais important sur la gestion de l’immigration en Tunisie et dans le reste de l’Afrique rappelant l’importance de trouver un équilibre entre la sécurité nationale et les droits humains, en particulier pour les personnes vulnérables qui cherchent refuge et opportunités dans des pays étrangers.
Un mois de mars marqué par le rapatriement de plusieurs immigrés irréguliers
Avec le début du mois de mars, et face à l’aggravation de la crise devenue débat social, la Tunisie a facilité le rapatriement d’environ 300 immigrés du Mali et de la Côte d’Ivoire vers leurs pays. Ces opérations de rapatriement ont été justifiées par les campagnes lancées contre les immigrés illégaux des pays subsahariens par certains groupes de Tunisiens.
Un diplomate malien en Tunisie a indiqué que son pays avait affrété un avion pour rapatrier près de 150 personnes sur ordre du chef du conseil militaire, qui a donné des “instructions très strictes” pour traiter la question du retour des ressortissants dans leur pays.
Les Guinéens, qui sont revenus de leur premier voyage d’évacuation vers leur pays, ont évoqué “l’escalade de la haine” après ce discours, et le “cauchemar” qu’ils ont vécu ensuite dans les rues et les quartiers résidentiels dans lesquels ils vivaient dans la capitale tunisienne et les gouvernorats.
Près de 21 000 migrants subsahariens officiellement enregistrés en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu leur emploi et ont été forcés de quitter leur foyer du jour au lendemain.
En réponse aux diverses accusations, la Tunisie a catégoriquement démenti les allégations de racisme dans le pays et a accusé des parties étrangères de vouloir semer le désordre.
Dans un communiqué publié conjointement, la Présidence de la République, la Présidence du Gouvernement et le ministère des Affaires étrangères ont affirmé que : « La Tunisie a toujours cherché à combattre par tous les moyens le crime de traite des personnes dont sont victimes les Africains.
Des manifestations et des actes de violence….
Un certain nombre de demandeurs d’asile originaires d’Afrique subsaharienne ont délibérément attaqué des voitures stationnés devant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans le lac de Tunis. Selon les sources officielles, Les forces de sécurité auraient intervenues pour disperser le sit-in des migrants subsahariens à la demande du HCNUR. L’intervention des forces a suscité une vague de violence de la part de certains sit-inneur qui se sont attaqués aux voitures stationnées aux alentours. Plusieurs migrants ont té arrêtés, d’autres ont fui les lieux.
Depuis le déclenchement de la crise, la Tunisie a adopté plusieurs mesures urgentes afin de faciliter la régularisation de la situation des migrants subsahariens irréguliers. Certain ont bénéficié de prolongation de leurs cartes de séjour, d’autres ont bénéficié d’exemption des amendes de résidence illégales afin de faciliter leur retour à leurs pays d’origine. La crise sociale demeure cependant plus importante et plus significative, face à des incidents de racisme de la part de certains tunisiens qui ont profité de la crise pour faire preuve de leur intolérance.