La Nuit des Idées: Débat avec l’artiste Atef Maatallah sur sa fresque “Les Bâtisseurs”
Rédigé par : Wiem El Amri
Illustration : Koussai Ayed
Dans le cadre de l’événement, «la Nuit des idées », organisé le 21 mai dernier par L’Institut français de Tunisie (IFT), sous le thème “(Re) construire ensemble », une rencontre a eu lieu avec l’artiste Atef Maatallah et l’historienne Kmar Bendana au 32Bis, rue Ben Ghedhahem, autour de la fresque et l’exposition : « Les bâtisseurs».
La fresque est composée de 66 pièces d’aluminium sur 90 m² et rend hommage aux bâtisseurs qui gardaient toujours le sourire malgré les difficultés rencontrées et les conditions de travail pas trop favorables.
Au cours de l’événement, l’artiste a souligné que ce travail, qui a pris 2 ans de préparation, est « un travail d’émotions par excellence ». Chaque personne qui a participé à donner naissance à cette fresque, l’a inspiré, car les conditions dans lesquelles les bâtisseurs gagnaient leur vie étaient désavantageuses au plus haut degré. « Imaginez-vous, un bâtisseur qui est en train de paver la route avec du goudron hyper chaud, un 16 août. Je suis reconnaissant de ne pas avoir été à leur place car tout cela demande beaucoup de patience et d’engagement », a-t-il soutenu.
Le feed-back et les réactions des participants à la discussion ont valorisé l’action d’Atef Maatallah à immortaliser les moments où ces bâtisseurs étaient concentrés sur leur travail. Cette fresque est « mélancolique et pas très joyeuse », a assuré l’artiste.
Des participants ont affirmé que c’est une première pour Maatallah de peindre des individus qu’ils ne connaissaient pas vraiment. L’artiste est sorti ainsi de sa zone de confort. Quelques-uns ont retrouvé des images cachées de leur enfance et de leur jeunesse dans les portraits de quelques bâtisseurs, d’autres se demandaient sur la longue durée qu’a prise la réalisation de ce travail.
La réalisation de cette fresque a demandé « une patience énorme et une continuité de recherche et d’observation », selon l’artiste. A la question pourquoi peindre cette fresque sur la façade du bâtiment 32 Bis ? Les réponses de Bendana et d’Atef étaient plus que convaincantes. « L’art est contre la mort, la guerre et la destruction. Il n’y aurait pas d’art si chaque artiste avait peur que son travail serait détruit en cas d’instabilité politique », a précisé la première, alors que le deuxième a commenté : « J’ai voulu réaliser un travail qui dure et qui sera visible et accessible à tout le monde ».
L’artiste a cherché à entourer les bâtisseurs de pigeons pour donner un message inspirant et motivant. Ainsi, un autre regard sera posé sur eux.
Cette fresque est un excellent exemple de (Re)construction – comme indiquait la thématique de la « Nuit des Idées ». Il s’agit là d’un bâtiment qui existait déjà, auquel a été offert un autre esprit, tout en rendant hommage aux personnes qui ont bâti la Tunisie.